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Marie-Marie : nièce des Bérurier (du côté de Berthe), Marie-Marie est une sorte de Zazie espiègle au museau parsemé de taches de rousseur : "C'est mon prénom, rapport à deux grands-mères teigneuses qui s'appelaient toutes les deux Marie et qui ont toutes les deux voulu être ma marraine." (68).

Native de Juvisy-sur-orge, elle n'a que deux ans lorsque sa mère l'abandonne pour refaire sa vie avec un maçon italien; à ce jour, elle n'a plus donné signe de vie. Quant à son père, camionneur de son état, "il s'est tué l'an dernier sur la nationale 7 en convoyant un chargement de légumes (dont il a eu la primeur, si je puis dire, puisqu'il a pris les vingt tonnes de romaine sur le dossard)." (68).

Par la suite, "Marie-Marie a été confié à sa deuxième grand-mère, la première étant morte peu après son baptême. Seulement la seconde grand-vioque et tombé dans l'escalier de sa cave la semaine précédente et s'est brisé un fagot de vertèbres plus ou moins cervicales, faisant de Marie-Marie une orpheline à part entière." (68). Enfant, Marie-Marie est déjà amoureuse de San-Antonio, et persuadée qu'un jour elle l'épousera (adolescente, elle lui demande sa main, sans succès). (103).

Plus tard , elle se révèle une très jolie jeune femme, enseigne l'anglais, et les relations avec San-Antonio se compliquent. Le commissaire reste en effet très attaché à Marie-Marie, la considère de fait comme la seule femme susceptible de devenir un jour son épouse, mais ne se décide pas à franchir le pas. Ils deviennent amants, semblent à une époque très près de convoler en noces, puis leurs relations s'effilochent jusqu'à ce que Marie-Marie se fiance à un médecin, le docteur Machegrin, puis l'épouse enfin. Le divorce qui s'ensuit ne change rien de fondamental à la relation très particulière entre la jeune femme et la commissaire. A dater de cette époque, Marie-Marie demeure aux yeux de San-Antonio l'image vivante d'une certaine forme de regret - regret d'une éternelle vie de célibataire, coureur de jupons invétéré, à jamais insatisfait. Marie-Marie deviendra ainsi le personnage le plus grave de l'œuvre san-antonienne, et chacune de ses apparitions, en tant que femme, fera l'objet de développements exprimant le malaise existentiel, fondamentalement irréductible, du commissaire. D'autant plus qu'un fait récent n'est pas pour simplifier la situation : San-Antonio apprend qu'elle travaille pour les services secrets français. (140). Plus tard, c'est elle-même qui refusera de se marier avec San-Antonio pour cette raison : "Pour me rapprocher de toi, comprendre ta vie, ton comportement, je me suis engagée dans un job similaire au tien et qui me passionne, Antoine. Je sais à présent combien on est accaparé par une enquête, à quel point elle vous capte. On s'y donne. Tu avais raison, c'est pas un travail de personne mariée." (142). C'est ce qui s'appelle un retour de bâton.